Je m’appelle Gilbert Puginier, je suis né le 24 août 1930 à la ferme La Gofie «La Gofio» à Vauré, section de la commune de Revel (31250). Elevé dans un milieu agricole, je vous propose de retrouver dans ces quelques lignes les conditions de vie rudimentaires matérielles, professionnelles que nous avons connues dans les années 1940. Certains s’en souviennent avec nostalgie mais pour moi cela reste néanmoins des souvenirs heureux… même si nos moyens étaient limités, nous partagions de belles valeurs ; l’amitié et la solidarité. Sans télévision et sans informatique, nous lisions beaucoup et nous trouvions des jeux ou des activités qui nous permettaient des loisirs physiques, près de la nature, à moindre coût.
Environnement familial
À ma naissance, mes parents, Elie Puginier et son épouse Isabelle, habitaient « La Gofio » à Vauré en qualité de métayers. C’est là qu’un jour, le 24 août 1930, je venais au monde. Quelques mois après ma naissance, notre déménagement eut lieu dans une nouvelle ferme près du village de Vauré, dont le nom était « En Auriols ». La ferme étant sûrement trop petite pour nourrir la famille car quelques mois après la naissance de mon frère cadet Marc en 1934, nous déménagions à nouveau, pour la dernière fois, et notre installation se concrétisait dans l’une des deux fermes, « le Barthas », toujours en qualité de métayers. De toutes les fermes de la section de Vauré, commune de Revel, il est défini que les deux fermes dénommées « La Gofio » et « le Barthas » étaient les plus éloignées du village de Vauré, à proximité du ruisseau le Laudot, dont le cours d’eau se dirigeait vers les communes de Garrevaques et d’Auvezines, dans le Tarn pour se jeter dans le Sor.
La Ferme «La Barthas», datée aux environs du XVème siècle, dont les murs au rez -de-chaussée sont en terre. L’étage est en colombage, construit avec des poutres scellées par de la paille et de la terre glaise mélangées (paille bart en patois).
Démolie, elle a été remplacée par une maison d’habitation neuve. La Ferme «La Barthas», datée aux environs du XVème siècle, dont les murs au rez -de-chaussée sont en terre. L’étage est en colombage, construit avec des poutres scellées par de la paille et de la terre glaise mélangées (paille bart en patois). Démolie, elle a été remplacée par une maison d’habitation neuve.
En 1941, il y a eu la naissance de mon troisième frère Georges. La deuxième ferme du « Barthas » était déjà occupée par la famille d’Auguste Salvignol, son épouse Aurélie, ainsi que le père et la mère d’Auguste, Jean et Marguerite. Ils en étaient les propriétaires exploitants. Ces deux fermes, portant la même dénomination « le Barthas », distantes du village de Vauré de 5 kilomètres, étaient disposées parallèlement, séparées par un passage large de 20 à 25 mètres environ qui servait de cour commune. Je n’ai pas un réel souvenir d’un enfant au foyer d’Auguste Salvignol, lorsque nous arrivâmes comme voisins. Nos parents mutuels étaient à peu près du même âge.
Par la suite naquirent dans leur foyer, Denise, la cadette, Lucienne, la troisième, et enfin Jacques. Chez nous, les Puginier, il y eut la naissance de Georges, le 3ème enfant et le dernier. Au total, alors que j’avais onze ans, quand naquit mon frère Georges, nous nous retrouvâmes à sept gamins voisins, dont j’étais l’ainé. Nous vécûmes et grandirent ainsi ensemble, toutes les années de notre enfance et de notre adolescence, dans ces deux fermes, jusqu’à nos mariages, où nous nous invitions réciproquement, ainsi qu’à toutes les fêtes de famille : baptêmes, communions, mariages et autres. Nos deux familles vivaient dans une bonne entente conviviale et fraternelle, validant de belles relations de très bon voisinage. Nous nous aidions réciproquement, dans tous les travaux durs et pénibles. Nous nous soutenions également dans les moments difficiles ou les jours de peine. Nous étions heureux aussi, de partager, ensemble toutes nos joies.
Nous, les enfants, étions contents pour les fêtes de fin d’année, d’aller souhaiter un joyeux Noël, et la bonne année, à nos voisins respectifs, afin de récolter quelques friandises. Il en était de même pour toutes les autres fêtes du calendrier. La réciprocité s’appliquait aussi pour les enfants de nos deux familles. Il faut dire aussi qu’en ce temps là, nos sabots devant la cheminée, au matin de Noël, n’étaient garnis que d’une orange, d’une bille de chocolat, d’un ou deux bonbons, et c’était tout (le chocolat et les oranges étaient rares et onéreux à cette époque). Pas de jouets ! Les temps étaient rudes alors, et nos parents pas très riches, pour ne pas dire pauvres. Nous n’étions pas gâtés, comme maintenant, c’est vrai. Si nous avions su, de ce que nous voyons actuellement, l’abondance exagérée de jouets et gâteries de toutes sortes dont bénéficient les enfants aujourd’hui, nous aurions montré notre plus vif mécontentement, à nos parents. C’est sûr !
Ma vie à la ferme
Il m’est agréable d’évoquer ces souvenirs de gros travaux saisonniers, que nous partagions, entre voisins, dans la joie et dans l’amitié. Pour les travaux tels que les moissons, les battages, les vendanges, nous gamins, prenions plaisir à « Tchanbouster » (fouler avec nos pieds les raisins dans les « Cemals », sortes de comportes). Le « Barthas », où j’ai habité durant 23 ans jusqu’à mon mariage, possédait une surface agraire d’environ 12 hectares. Notre petit cheptel comptait six vaches qui nous servaient à travailler dans les champs. Lorsqu’elles mettaient bas (ou vêlaient), les veaux, une fois adultes, se vendaient le samedi, jour de marché à Revel. Elles nous fournissaient leur lait pour notre consommation personnelle. Nous possédions aussi tout ce qui s’élève habituellement dans une ferme : cochons, oies, poules, canards, dindes, pintades… Cette production constituait, en dehors de la vente, notre alimentation principale et générait une bonne autarcie alimentaire. Un chien, des chats complétaient notre environnement affectif animalier.
Notre culture était polyvalente : maïs, blé, orge, avoine avec des champs de fourrage (trèfle, luzerne) qui servaient à alimenter notre bétail. En ces temps là, nous ne cultivions pas encore le tournesol, le colza, le sorgho. Les travaux des champs s’effectuaient à l’aide de nos vaches, attelées deux par deux par un joug pour diverses fonctions : couper les foins, faire la moisson, des gerbiers… Nous labourions aussi, avec cette traction animale, à la charrue à brabant (avec des roues) pour retourner la terre.
La moisson : elle s’effectuait à l’aide d’une faucheuse tractée par un attelage de vaches. Derrière le passage de la faucheuse, il fallait ramasser les gerbes, éparses, afin de dégager le nouveau passage de la faucheuse. Nous allions le matin, vers cinq heures, attacher les gerbes avec des liens constitués avec une dizaine de tiges de blé que nous tordions du côté des épis. Pourquoi le matin à 5 heures ? Parce que la tige de blé, avec la fraîcheur de la nuit était plus souple, plus facile pour lier les gerbes. A partir des épis épars sur le sol, à l’aide d’une faucille, nous les ramassions pour constituer une gerbe que nous disposions au travers du lien. Mon père réunissait les deux extrémités et en les tordant d’une certaine façon, il formait un nœud, et la gerbe était ainsi confectionnée. La façon des liens, c’était le travail de ma mère, et moi, à l’aide de la faucille, je recueillais les épis pour les disposer au travers du lien. 5 à 6 gerbes étaient constituées, que nous laissions sécher quelque temps, puis on « gerboyait ». A l’aide de la fourche, nous les chargions sur les charrettes. A l’arrivée à la ferme, nous confectionnions les gerbiers qui n’attendaient plus que le passage de la batteuse. Tous les voisins venaient aider aux battages, et nous allions ainsi de fermes en fermes. Il va de soi que toute la « colle » (équipe) des battages était bien nourrie : petit déjeuner, déjeuner et dîner du soir dans une bonne ambiance conviviale.
Dépouillement du maïs ou « Escoulefades » : vers octobre, après les vendanges, nous entreprenions les « Escoulefades » qui consistaient à dépouiller les épis de maïs. Cela se faisait après souper (dîner du soir), en veillées, dans les hangars de la ferme, assis sur des veilles chaises ou des tabourets, derrière une charrette renversée, le timon coincé en l’air, dont l’intérieur était chargé de pieds de maïs. Nous nous aidions d’un « Escoule fadou » (une tige de bois de 12 à 15 centimètres de long), de la grosseur d’un doigt, dont une extrémité était effilée en pointe, l’autre percée d’un trou dans lequel était passée une petite lanière de cuir (ou ficelle), que l’on plaçait autour du poignet pour ne pas le perdre. Il suffisait d’introduire la partie pointue entre les « Couleffes » (épates) des épis de maïs, de tirer vers soi et vers le bas, pour dégager l’épi de maïs, la « Cabosso ». Une fois celle-ci dépouillée « des couleffes », on la rabattait d’un mouvement sec sur son pied, et on la tenait fermement coincée entre les jambes, afin de la détacher. Nous jetions alors les épis de maïs dans les comportes ou des lessiveuses afin de les ensiler et les stocker dans un lieu sec. Les tiges étaient remisées dans le hangar et servaient, pendant l’hiver de nourriture aux bœufs et aux vaches. Quant à nous, alors que nous avions terminé les 2 ou 3 charrettes en chantier, nous nous retrouvions à la cuisine pour griller des châtaignes arrosées d’un « bon coup de vin nouveau » ou de « piquette », tout en discutant de choses et autres ; la chasse, la pêche, les champignons ou des futurs travaux qui étaient encore à faire, avant le gros de l’hiver. A qui qu’éro la bouno sasoû per sanna lé por gras !
On tuait le cochon gras : ensemble, avec nos voisins et c’était là encore deux jours de fêtes, avec la préparation de la saucisse, des saucissons, des boudins, des pâtés et les jambons. Sans oublier les bons repas conviviaux pendant ces journées où l’on se délectait de la saucisse toute fraîche et du boudin, que l’on faisait bien griller sur une bonne braise. Les oies ou les canards saignés permettaient de préparer du confit, conservé dans sa propre graisse dans des « graissiers », que nous stockions sur des étagères, dans la cuisine. Nous préparions aussi des foies gras, bien assaisonnés, mis en boîte, et stérilisés pour leur bonne conservation, très prisés pour leur valeur dégustative. Il est bon de préciser qu’à cette époque là, « le duvet » que nous récupérions très soigneusement lorsque nous plumions les oies, avait plus de valeur marchande que les foies. Il était très recherché pour la confection des édredons, couettes ou autres.
Les agréables veillées d’hiver
L’âtre de notre cheminée était le lieu de chauffe et nous étions sommairement meublés… Quels bons souvenirs de ces belles et agréables veillées que nous avons vécues en familles et certains jours, entre voisins, durant les longues soirées d’hiver ! Je revois aussi ces bons moments de lecture que j’appréciais, devant l’âtre d’une cheminée dont le feu ardent crépitait, envoyant de temps à autre des étincelles ; nous chauffant bien inégalement car nous nous cuisions devant, mais nous avions froid dans le dos et nous retournions notre chaise pour le chauffer. Cet inconvénient découlait de nos portes qui ne jointaient pas (un chat pouvait y passer dessous). Voilà pourquoi il fallait chauffer par alternance, notre face et notre dos. C’était aussi l’écoute de Radio Toulouse, pendant la diffusion de la célèbre pièce humoristique et paysanne (Catinou et Jacouti de Mingesebes). Il n’y avait pas encore la télévision. Ma lecture se rapprochait, principalement, des livres de la bibliothèque scolaire et le Pèlerin, revue catholique.
D’autres veillées étaient consacrées aux cartes, jeux de rami, belote, « coinchée », manille…, pour les hommes. Pendant ce temps, certaines dames écossaient les haricots secs, « énoisaient » les noix, tricotaient ou rapiéçaient pantalons et chaussettes, ou bien elles faisaient des crêpes, des « curbelets » et des oreillettes que nous arrosions d’un bon coup de piquette. La piquette était le vin léger de la production de nos vignes.
Ah ! Les beaux Noël d’antan ! Ces veillées que nous avons partagées, notre présence à la messe de minuit, après avoir effectué à pied, à l’allée, comme au retour, dans la nuit, les cinq kilomètres qui nous séparaient de nos fermes de l’église de Vauré. Nos sabots ou nos galoches résonnaient sur la route gelée. «Je revois encore cela dans mon esprit. Le ciel était constellé d’étoiles. Il gelait à pierre fendre. Nous n’avions pas froid, car la joie réchauffait nos cœurs. Nous pensions aux bons plats campagnards qui nous attendaient, mijotant au coin du feu. Une fois arrivés, nous étions tous réunis autour d’une bonne table, avec nos voisins, soit chez nous, soit chez eux, pour partager le réveillon de Noël, dans une même joie familiale, fraternelle et amicale, pour déguster la daube, ou le coq au vin, plats délicieux qui avaient mijoté durant la veillée du temps de messe et du trajet, et que l’on dégustait avec le traditionnel «millas». Ces moments particuliers conviviaux appartiennent à des souvenirs inoubliables !
L’église de Vauré
Élément de convoitise au fil des siècles, l’église de Vauré pouvait accueillir de 300 à 400 fidèles, prouvant ainsi l’importance du village (3500 habitants). Elle traversa les âges mais, présentant une vétusté importante, elle fut détruite et entièrement reconstruite en 1966. Elle n’a plus rien du tout à voir avec l’ancien édifice !
Les plats fermiers traditionnels
Il y avait le délicieux chapon ou la dinde, que nous mettions à rôtir dans une espèce de cloche, appelée communément « four de campagne ». Il se composait d’un premier plat avec trois pieds assez hauts, surmonté d’un haut couvercle, qui comportait au-dessus un rebord sur lequel on mettait de la braise, ainsi que sous le trépied. La volaille à l’intérieur se rôtissait à la chaleur de la tôle, provoquée par la braise. Les hors-d’œuvre, en général, se composaient de charcuterie : saucisson sec, boudin noir où blanc dénommé « melsat », du jambon, et bien sûr le traditionnel foie gras (produit de notre ferme). Notre bonne « piquette arrosait le tout ». Un dessert était dénommé crème « flottante » à cause des icebergs (des blancs d’œufs, battus en neige qui flottaient dessus). Au dessert, nous dégustions des gâteaux : des gaufres, des oreillettes, de grosses madeleines, et de délicieuses croustades (poumpets) faites maison. Il y avait aussi le millas, plat typique du Lauragais. Le millas est encore préparé et apprécié de nos jours. Depuis longtemps, deux siècles peut-être, le millas était le pain du pauvre, toutes les fermes en préparaient. Il représentait le plat de résistance, consommé à la place du pain. Il accompagnait la plupart des sauces, le coq au vin, les civets, en particulier les daubes, le plat typique du Lauragais, mais aussi les œufs à la poêle et tous les autres plats. On le cuisait dans une « houle », chaudron en fonte accroché à la crémaillère de la cheminée. Après l’avoir rempli au ¾ d’eau, salée à convenance, on versait poignée après poignée de la farine de maïs, dans l’eau frémissante, que l’on remuait en tournant à l’aide d’une grosse cuillère en bois ou un bâton. Quand la pâte prenait consistance et épaisseur cela devenait plus difficile de remuer… Lorsqu’une croûte se formait sur les bords et le fond du chaudron, la pâte était cuite. Le chaudron était alors décroché par deux personnes, hommes de préférence, pour le verser sur un torchon enfariné, posé au préalable sur la table. La pâte s’écoulait vers les bords, nous devions être attentifs à ne garder que 2 à 3 centimètres d’épaisseur, il fallait faire vite car elle durcissait rapidement et lorsqu’elle avait complètement refroidi, nous la découpions alors en carrés. Outre de le manger à la place du pain de blé, le millas est délicieux, frit à la poêle avec du sucre. Il peut aussi le déguster avec de la confiture, du miel et flambé à même la poêle avec de l’eau de vie, du cognac ou du rhum. Il existe de nombreuses recettes dont 35 que j’ai répertoriées !
Nos jeux
Tous les jeudis et quelques fois les dimanches, nous nous retrouvions pour jouer et faire des « bêtises ». Aux beaux jours, nous aimions aller patauger et pêcher à la main, en patois on disait « à la gaounot » dans le Laudot, notre ruisseau de proximité, dont l’eau s’écoulait tranquillement en ses doux méandres, à travers notre campagne. Parfois, nous allions dans le bois jouxtant nos deux fermes, faire lever un lapin de son terrier, cueillir des champignons « piboulades » sur les souches d’arbres morts, ou voir des grenouilles et les crapauds dans la petite mare qui se trouvait à l’extrémité du bois (là même où tombât l’avion Breguet Atlantic, en avril 1962, après avoir explosé en vol). Mais le plus souvent, notre emploi du temps se résumait en de nombreuses activités, qui se terminaient quelquefois par des accidents, parfois assez graves. Cela attirait les colères (les foudres) de la part de nos parents, au retour des travaux des champs. Je ne vous cacherai pas, qu’étant l’ainé de tous, moi, Gilbert, j’étais considéré comme le meneur de jeux, donc le plus responsable. J’en recevais toutes les réprimandes, à juste raison. « Le plus grand est le plus bête » disait-on. Je l’entendais dire à mon égard, et cela, autant de mes voisins que de mes parents qui ne ménageaient pas leurs réprimandes. Les dimanches, notre liberté se trouvait amoindrie, nous n’avions pas le temps de nous amuser car il y avait obligation d’aller à la messe le matin, l’après-midi aux vêpres et au catéchisme.
Je ne peux résister à vous raconter, sans trop de détails, les accidents auxquels j’ai fait mention ci-dessus. Je me souviens très bien de la « presque » noyade d’André Salvignol, alors que nous nous amusions à faire « roule barrique » sur la bute attenant à notre mare, sous le vieux gros chêne, quand tout à coup, je ne vis plus André, mais l’eau de la mare qui bouillonnait. Il fut sauvé par mon père, que j’avais appelé, après quelques secondes d’hésitations, ne sachant trop que faire à cet instant. Mon père, à tâtons chercha André dans l’eau boueuse et le sortit de cette mauvaise situation. Heureusement que Dieu est là, pour nous dicter ce que nous devons faire. Une autre fois, ce même André, se plantait la pointe d’une fourche entre deux orteils, se clouant ainsi au sol. Alors, qu’il voulait simplement planter la fourche dans le sol. Ma mère, me sauva aussi d’une noyade, tellement j’étais « trafègue » (espiègle). Elle m’avait amené avec elle, pour rincer la lessive au ruisseau le Laudot. Alors que je m’étais écarté de quelques mètres d’elle, je chutais sur les rochers humides et glissants et je disparaissais dans un « gourp » (trou très profond). Là aussi, son instinct de mère s’activa, me voyant disparaître dans l’eau très profonde, aussitôt elle se précipita, se mit à genoux, et plongea son bras jusqu’à l’épaule, pour me sortir à temps de l’eau. Dieu merci ! Il y aurait d’autres faits fortuits à raconter, mais cela serait trop long. Certains jeudis, au plus gros des travaux des champs, suivant les saisons, nos parents nous prenaient avec eux, pour les aider. Ces jeudis là, nous n’avions pas loisir de nous amuser car ce travail physique nous occupait bien.
Puis les années ont passé… Comme je n’ai pas souhaité exercer dans le monde agricole, j’ai effectué de 17 à 20 ans un stage en maçonnerie jusqu’à mon service national obligatoire à 20 ans où je me suis retrouvé au Maroc, pour 12 mois. A mon retour, je me suis dirigé dans une entreprise de maçonnerie à Muret, où j’ai accompli toute ma carrière professionnelle jusqu’à la retraite que j’ai fait valoir il y a 22 ans, ce qui nous a permis de revenir, avec ma femme, nous installer à Revel, notre terre natale.
Je dédie ces souvenirs à mes petits enfants et je rends hommage à mes parents que je remercie pour leur affection, à nos amis Salvignol pour leur belle amitié et à Mme Guiraud, mon institutrice.