Hommage à notre ami Jean ODOL

Notre ami Jean Odol nous a quittés le 12 décembre 2020 au terme d’une vie bien remplie au service de l’enseignement et de la culture. Il fut l’un des premiers à croire en la réussite de notre magazine Couleur Lauragais et a apporté sa contribution chaque mois durant 10 ans.

10 années durant lesquelles nous avons publié chaque mois un article rédigé par ce grand Monsieur amoureux du Lauragais, et dont l’immense plaisir était de partager son savoir et son amour pour ce territoire au travers de nos pages.

Nous avons publié nombre de ses balades depuis Castanet jusque Bram, en passant par la Piège et la Montagne Noire à la découverte du patrimoine de notre région. Jean Odol l’a parcourue en long et en large et connaissait son histoire comme aucun autre. Chaque mois, nous prenions plaisir à le retrouver lors de réunions durant lesquelles nous choisissions le thème du mois suivant. Toujours d’égale humeur, toujours enthousiaste, Jean rédigeait ensuite son article que son assistante Josiane Lauzé tapait, puis il nous portait la carte qu’il avait dessinée et les photos qu’il avait prises pour l’illustrer. Très ouvert à nos remarques, il était toujours d’accord pour apporter des modifications à ses rédactions si cela nous paraissait nécessaire.

« J’ai rencontré Jean au moment où je préparais le lancement de Couleur Lauragais. Il m’a reçu et écouté avec attention. Il a été immédiatement séduit par le côté culturel du magazine qui allait permettre de faire connaître l’histoire du Lauragais à l’ensemble de ses habitants, par l’intermédiaire d’un seul support, qu’ils soient résidents du Tarn, de l’Aude ou de la Haute-Garonne, alors que les autres publications étaient départementales. Il m’a immédiatement assuré de son soutien. » Jean-Marc

« À peine le nouveau magazine sorti de presse, Jean se précipitait dans nos bureaux au volant de sa voiture vert pomme pour en prendre connaissance et récupérer quelques paquets qu’il allait distribuer à Baziège, Ayguesvives et Nailloux. Toujours plein d’idées, il nous faisait part à ce moment de ses recherches en cours. Quelques années plus tard, c’est moi qui lui amenais les magazines directement chez lui. L’occasion de discuter longuement du territoire et de cette aventure avec Couleur Lauragais dont il ne tarissait d’éloges. » Christine

Son parcours

Jean Odol est né en 1927 à Ayguesvives. Il est le second enfant d’une famille d’origine paysanne. En 1890, sa grand-mère, maîtresse femme, décide de demander le divorce. La famille déménage et s’installe au lieu dit Ticaille. C’est là que Jean naîtra et il y restera jusqu’à son dernier jour.

La famille vivait sur une exploitation de 4 hectares. Sa grand-mère vendait du lait à Baziège et sa mère était brodeuse chez les religieuses. Son père, un fonctionnaire, instructeur militaire à Toulouse, apportait une certaine aisance financière à la famille, « un intellectuel passionné d’histoire ». C’est ce père si présent qui pousse Jean à devenir instituteur et qui s’appliquera, année après année, à lui transmettre sa passion de l’histoire. Il intègre la faculté des Lettres section histoire-géographie, alors située au centre de Toulouse.

Jeune père de famille, il devra dans le même temps travailler puisqu’il élèvera avec son épouse cinq enfants. En 1955, il commence sa carrière de professeur d’histoire et géographie au lycée de Béziers et prépare l’agrégation. Il s’intéresse à de nombreux domaines – démographie, économie, statistique, géographie agraire, droit, histoire politique et économique. Tout le passionne.

Il est reçu 12ème à l’agrégation d’histoire en août 1957. Il intègre le lycée Bellevue, un lycée pilote où les enseignants font de la recherche pédagogique et y restera de 1957 à 1975. Il mène, en parallèle de sa carrière d’enseignant, des travaux de recherche en liaison avec l’Institut Pédagogique de Paris, étudiant tour à tour le vocabulaire pédagogique en histoire-géographie pour les classes de sixième ou comment traduire un concept par un dessin.

Ses autres « occupations »

En plus de ses activités professionnelles, le reste de son emploi du temps est également bien rempli. En 1959, des camarades de classes arrivent à le convaincre, malgré ses réticences, à se présenter à la mairie d’Ayguesvives. Il est élu cette année-là et entame un carrière de Maire qui durera pas moins de seize ans. Dans cette petite commune de 400 habitants, tout est à faire et Jean va s’y employer. Il décroche des subventions et obtient, pour sa commune, la mise en place du tout à l’égout, la construction de nouveaux lotissements ou l’installation de l’eau potable sous pression. Il est également à l’origine de l’installation de l’entreprise ZODIAC sur sa commune en 1971.

En 1975, Jean devient inspecteur pédagogique régional d’abord à Bordeaux jusqu’en 1976 puis à Toulouse jusqu’à sa retraite en 1991. « Je me voyais plus comme un conseiller pédagogique itinérant que comme un véritable inspecteur. » disait-il. Il se refuse à abaisser la note d’un professeur et voit plutôt son rôle comme une aide aux enseignants en difficulté. « Élève ou professeur, j’ai toujours veillé à respecter chaque individu : les remarques et éventuels reproches se sont toujours faits en tête à tête avec la personne concernée ». Avec deux inspecteurs en Midi-Pyrénées pour 4000 professeurs à inspecter : le travail ne manque pas. « Au rythme de 200 à 250 professeurs par an, j’ai sillonné la région Midi-Pyrénées du sud au nord et de l’est à l’ouest en faisant près de 60 000 kilomètres par an ». Parallèlement, Jean occupe les fonctions de directeur pédagogique du Centre Régional de Documentation Pédagogique de Toulouse. Cette nomination comme inspecteur pédagogique lui interdit d’occuper des fonctions politiques et il est donc obligé de démissionner de son mandat de Maire.

« Mr Odol ayant parcouru le Lauragais dans tous les sens, le connaissait comme sa poche. Lorsqu’il nous fournissait un article historique ou autre il le complétait par un croquis très détaillé de cette région. Il me disait souvent qu’il était content que l’on reproduise ses cartes aussi fidèlement, en souriant il rajoutait qu’il n’était pas hélas un bon dessinateur !… peut-être mais je dirais quel savoir et quelle culture ! Merci Jean. » Véronique

La retraite

À l’âge de la retraite, il commence une nouvelle vie en réalisant de nombreuses conférences sur les cathares, le pastel ou le canal du midi. Sa passion pour son pays natal, on la retrouve aussi dans les ouvrages qu’il a écrits : « Le Lauragais, pays des Cathares et du Pastel » paru en 1996 aux Éditions Privat, « L’abbaye de Saint Papoul » également paru en 1996, 1 film « Le Lauragais Cathare, terre de feu et de sang » en 2001, et pas moins d’une vingtaine de publications.

Il a participé à la vie de plusieurs associations : fondateur et directeur du Centre Culturel du Lauragais à Nailloux (créée en 1991) dont il fut le directeur, la société d’études du Lauragais (créée en 1991), la société d’études histoire et patrimoine d’Ayguesvives (créée en 2002) ou encore l’association A.R.B.R.E où avec son ami et Président Lucien Aries il a participé à l’animation de conférences et historiades lors des médiévales de Baziège.

À tout cela s’ajoute encore l’écriture régulière des articles dans les colonnes de Couleur Lauragais. Il était à chaque fois agréablement surpris des retombées de ses articles qui suscitaient des questions de la part des lecteurs du Lauragais et des internautes du monde entier, et ces lecteurs lui faisaient part d’informations qu’il ne possédait pas encore ou qu’il recherchait.

Juste récompense

Jean Odol a été décoré de la médaille de chevalier de la Légion d’honneur le 23 novembre 2001, par Monsieur René Amanieu, Inspecteur d’académie, pour 44 ans de services civils et d’activités culturelles. Une vie riche au service de sa région pour ce passionné de l’histoire du Lauragais, un missionnaire culturel au pays des Mille Collines.

« Géographe il nous a fait découvrir le Lauragais avec ses plaines, ses creux et ses bosses. Historien, il nous a conduit de clochers en bastides, de château en abbayes, à travers de pays des cathares et du pastel, avec ses vents, ses terreforts et ses boulbènes. Il nous a fait découvrir ou redécouvrir l’histoire de notre terroir en la replaçant dans son contexte, toute l’histoire, celle d’hier et celle d’aujourd’hui, sans aucune complaisance, avec justesse et avec le seul souci de l’exactitude et de la recherche de la vérité. » Lucien Ariès

« Tous nos remerciements, très cher Jean, pour votre contribution et votre soutien au développement de notre magazine Couleur Lauragais durant toutes ces années. Vous avez ainsi fait bénéficier à nos lecteurs de votre culture sur le Lauragais et porté très haut l’histoire et le patrimoine de ce territoire cher à votre cœur et aux nôtres. Fiers de vous avoir ouvert si souvent nos colonnes, votre enthousiasme, votre gentillesse, et votre générosité resteront à jamais gravés dans notre mémoire. »

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