Relation mère-enfant : grands et petits bonheurs à tout âge

À l’occasion de la Fête des mères, Couleur Lauragais se penche sur la relation mère-enfant. Ce lien unique et puissant qui se construit dès le stade embryonnaire est un élément clé dans la construction de l’identité et l’estime de soi chez tout être humain. Du bébé à l’enfant, de l’adolescent à l’adulte, revue des petits et grands bonheurs qui rythment la vie d’une maman et la manière dont le lien évolue tout au long de la vie.

Un lien construit dès la grossesse

Essentiel au bon développement cognitif de l’enfant, le lien unique entre une mère et son enfant commence à se tisser in utero. Dès l’annonce de la grossesse, la mère et le père projettent sur leur bébé leurs attentes, leurs fantasmes et rêvent leur enfant idéal. Pour la future maman, l’attachement à l’enfant qu’elle porte dépend de son état de santé durant la grossesse, des conditions économiques, de la qualité de sa relation avec le père. Quant à bébé, bien au chaud dans sa bulle, il perçoit déjà la voix de sa mère, est sensible aux bruits et au toucher, comme le prouve l’haptonomie, cette « science de l’affectivité », qui permet d’établir le contact avec bébé avant la naissance. Par des caresses, des pressions exercées sur le ventre, les parents « jouent » avec bébé, le déplacent, le cajolent. Un langage que bébé comprend très vite. De beaux moments d’émotion partagés !

Maman-bébé, une communication par les sens

À la naissance, la relation mère-enfant reste très charnelle, l’interaction passe par tous les sens. Le nourrisson est une éponge à émotions. Expert en communication non verbale, il interprète les regards, les gestes, le toucher, les expressions du visage… C’est l’époque du peau-à-peau, puis des gros câlins, des premiers regards et sourires échangés, des chatouilles qui provoquent les premiers éclats de rire, des chansons douces qui apaisent et endorment. D’instinct, la maman s’adresse à son bébé avec une voix aigüe et mélodieuse caractéristique, que les spécialistes appellent le « motherese » (de l’anglais mother, la mère). Ainsi encouragé à apprivoiser sa langue maternelle, bébé explore les sonorités par des vocalises puis de longs « babababa » si craquants pour l’entourage. À ce stade, chaque progrès est source d’émerveillement : le premier babillage, le premier sourire, la première dent, la première bouchée solide… C’est une période de bonheur intense, malgré les réveils nocturnes, les pleurs d’angoisse à la tombée de la nuit, les coliques et les poussées dentaires.

L’amour inconditionnel de l’enfance

Durant les premières années, la mère est, dans la grande majorité des cas, la figure d’attachement principale de l’enfant telle que formalisée par les pédopsychiatres dans les années 50 : l’adulte qui prend soin de lui le plus souvent pour répondre à ses besoins physiologiques et affectifs. D’après une étude publiée par le ministère des affaires sociales, les femmes consacrent 2 fois plus de temps à s’occuper des enfants que les hommes, soit 1h33 mn en moyenne par jour en 2015 pour elles, contre 44 mn pour eux ! Même si en 2022 les papas sont de plus en plus présents auprès de leur enfant, au quotidien les jeux, promenades, repas, devoirs, rendez-vous médicaux… incombent plus souvent à la mère.

Poser les limites

Revers de la médaille, c’est auprès de la maman que l’enfant se décharge du stress et de toutes les émotions contenues pendant sa journée à la crèche, chez la nounou puis à l’école. En rentrant à la maison, la moindre goutte d’eau fait déborder le vase, générant pleurs, colères et opposition, dont la maman fait souvent les frais. Pas toujours facile de garder son calme ! Assaillies à leur tour d’émotions négatives (lassitude, déception, sentiment d’injustice – qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? -) les mères ont alors tendance à culpabiliser. A tort, car en laissant libre cours à ses émotions, l’enfant démontre sa confiance et son attachement envers sa mère. Pour les femmes, en prise à de multiples injonctions – la mère parfaite, l’éducation positive – il n’est pas toujours simple de poser son autorité. Or, après une première année fusionnelle, c’est en fixant des limites au tout-petit qu’une mère aide son enfant à se sentir distinct d’elle pour construire sa propre identité. Évidemment, l’enfant convaincu de sa toute-puissance, va ruer dans les brancards – c’est la fameuse période du non ! et des caprices, devant lesquels la mère doit tenir bon, même si cela lui fend le cœur. Car les limites rassurent l’enfant. N’en poser aucune, c’est le laisser seul au bord d’un gouffre de liberté, ce qui est très angoissant pour lui ! Pour en finir avec la culpabilité, faire preuve d’autorité est un incontournable de la relation mère-enfant, qui aide l’enfant à grandir au même titre que la tendresse.

Période idyllique

Malgré les contrariétés du quotidien, l’enfance de nos chérubins est une période heureuse, où l’attendrissement, la joie et la fierté l’emportent. C’est l’époque bénie des premières fois, ces instants à jamais gravés : premiers pas, rentrée à l’école, 1ère nuit chez un copain/copine, premier tour en vélo… De son côté, l’enfant voue à sa mère qu’il idéalise un amour inconditionnel – qui n’a fondu en s’entendant déclamer « Maman tu es la plus belle » ou « Quand je serai grand, je veux me marier avec toi » ? En témoignent leur immense fierté à offrir à l’élue de leur cœur le traditionnel cadeau de fête des mères fabriqué de ses mains à l’école. Nombre de mamans se souviennent avec émotion de leur premier collier de nouilles !

Adolescence : savoir couper le cordon !

Les années passent, l’enfant grandit, vite, trop vite, puis plonge dans l’adolescence, qui va bouleverser profondément la relation mère-enfant. Dans cette période ambivalente, le jeune continue à avoir (beaucoup) besoin de ses parents, mais cherche à s’émanciper. Mais, pour prendre son envol et affirmer son identité, l’enfant a besoin de faire tomber ses parents de leur piédestal. Il teste les limites, s’oppose, provoque, critique leur moindre fait et geste. L’instinct d’une mère étant de protéger son enfant, pas facile de lâcher prise, de lui laisser faire ses propres expériences en ayant l’impression de ne plus rien contrôler. Ajoutez à cela les sautes d’humeur dues aux bouleversements hormonaux et tous les ingrédients sont réunis pour générer des conflits ! La bonne nouvelle, c’est que ce changement de comportement est normal, et témoigne du bon développement psychique du jeune. La mère doit accepter que son enfant s’éloigne et ait moins besoin d’elle… Elle doit faire preuve d’écoute, tout en restant ferme sur les limites et les règles de vie de la maison, sans être dans la critique ou l’injonction permanente (Range ta chambre ! Va travailler ! Lâche ton portable !). Il faut des talents d’équilibriste pour maintenir le dialogue. Fermeté, souplesse, et respect sont alors les maîtres-mots de la relation. Lorsque la parole devient trop difficile, le « faire ensemble » s’avère un bon viatique : jeux de société, concert, cinéma, journée balade ou activité sportive en famille … tout est bon pour faire une trêve. On peut aussi solliciter son enfant pour un coup de main (pour résoudre un problème informatique ou de smartphone, pour monter un meuble…). Il devient alors ‘tuteur’ de son parent, une inversion des rôles très gratifiante pour lui. Quoi qu’il en soit, il est essentiel de lui montrer qu’on sera toujours là pour lui en cas de besoin. Chagrin d’amour, mauvaise note, examen raté… il s’agit de recueillir ses émotions, l’encourager à surmonter son échec en lui témoignant affection et confiance en l’avenir. Enfin, saisir toutes les occasions de célébrer avec lui les grandes étapes de son parcours et ses succès (le brevet et le bac, la majorité, le permis de conduire…), pour cimenter la vie familiale.

À l’âge adulte : trouver la bonne distance

Le chemin vers l’émancipation se poursuit avec les études, le premier appartement, le premier emploi, la première expérience de vie en couple… Pour la maman, le syndrome du nid vide, lorsque l’enfant quitte le cocon familial, est un passage réputé difficile. Pas question de débouler à l’improviste, pour lui faire le ménage, ou s’inviter à dîner… ce ne serait pas lui rendre service, il doit se frotter à la vie d’adulte et apprendre à s’assumer. La mère doit accepter la séparation physique, et respecter la vie privée de son rejeton, pour que s’instaure une nouvelle relation, d’égal à égal, d’adulte à adulte. A l’entrée dans la vie active, les ordres doivent se transformer en conseils. Exit l’ingérence et la perfusion financière, bonjour le partage d’expériences, le soutien moral et les coups de pouce… Il s’agit de montrer qu’on est toujours là sans rien imposer. Les câlins ne sont plus de mise ? On les remplace par de petites attentions, comme lui préparer son plat préféré quand il rentre à la maison ou accueillir avec bienveillance son amoureux.se. Le plus beau cadeau de fête des mères que peut faire un enfant adulte à sa mère ? Organiser un week-end surprise avec ses parents, pour être tous réunis, comme avant.

Grand-mère : la boucle est bouclée !

Quel plus beau cadeau pour une mère que de voir sa fille enceinte ou son fils devenir papa ? La satisfaction d’avoir contribué au cycle des générations, de voir son enfant se stabiliser et s’épanouir en créant sa propre cellule familiale est un accomplissement. Après les années de conquête de son autonomie, l’enfant devenu père ou mère mesure mieux la force du lien filial. Il a alors tendance à se rapprocher de ses géniteurs, pour partager son bonheur, bénéficier de leurs conseils et leur témoigner sa confiance et son affection en leur confiant ses propres enfants… Mais pour que l’aventure soit belle, la future grand-mère doit veiller à ne pas être trop intrusive, éviter de revivre sa propre maternité et se garder de juger la façon dont son enfant élève sa progéniture. Conforté dans son statut de père ou de mère, l’enfant sollicitera alors les grands-parents, pour leur confier la garde. La mère peut alors endosser avec délectation le costume de grand-mère et revivre toutes les étapes de la croissance de ses petits-enfants, sans les enjeux d’éducation et affectifs qui pèsent sur la relation mère-enfant. Que du bonheur !

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