Patrimoine arboricole du Lauragais : nos arbres centenaires

Les arbres remarquables de France sont des arbres vivants exceptionnels par leur âge, leurs dimensions, leur forme, leur passé ou encore leur légende. Ces ligneux représentent un patrimoine naturel et culturel qui doit être préservé. Dans ce numéro, Couleur Lauragais vous en fait découvrir quelques spécimens dont la particularité est leur âge avancé.

Le cyprès de la Ritournelle

Castanet Tolosan (31), place de la Ritournelle
Le cyprès de la Ritournelle (Cupressus macrocarpa, famille des Cupressacées)
Âge estimé : 100 ou peut-être 200 ans
Hauteur : 26 m
Circonférence : 4,90 m
Envergure : 15 m

Le cyprès de Lambert (nom du botaniste qui fit parvenir en Angleterre en 1831 des graines de cyprès), majestueux, puissant et massif d’un vert sombre mais lumineux a des dimensions exceptionnelles. Ses deux troncs puissants s’élancent sur une base solide. Ses cônes de forme allongée se présentant par groupe sur un long pédoncule sont les plus gros du genre, ce qui lui vaut son nom de «macrocarpa». Son bois très dur, rosé, au grain très fin est utilisé comme bois d’œuvre. Son parfum capiteux en fait une huile essentielle très prisée.

Le peuplier des pélerins

Gardouch (31), route de Vieillevigne
Le peuplier des pélerins (Populus alba, famille des Salicacées)
Âge estimé : plus de 200 ans
Hauteur : 25 m
Circonférence : 4,30 m
Envergure : 20 m

Il est situé en un point culminant dominant la plaine du Lauragais, entre Gardouch et Vieillevigne. Avec le canal du Midi au nord, au sud on peut admirer la vue sur les Pyrénées, du Canigou au Pic du Midi. Il marque le chemin de Compostelle, passant à 20 mètres : les pèlerins le voient de loin.

Ce peuplier a une résistance et une force incroyables puisqu’il résiste au vent d’Autan qui souffle parfois à plus de 100 km à l’heure. Ses feuilles sont blanches, argentées et cotonneuses dessous, vertes dessus scintillant au soleil. Les peupliers sont dioïques, soit mâle, soit femelle. Les fleurs sont groupées en épi dans des chatons. Ses racines peuvent largement parcourir plus de 30 m au sol en soulevant goudron, ciment sur leur passage. C’est une véritable pompe, préférant les terrains humides, il rejette dans l’atmosphère presque la totalité de l’eau qu’il capte par les racines, 1000 l par une chaude journée.

Filaire à large feuilles

Labastide Beauvoir (31), place de l’église
Filaire à large feuilles (Phillyrea latifolia, famille des oléacés)
Âge estimé : plus de 100 ans
Hauteur : 11,40 m
Circonférence (6 troncs) : 3,6 m

Devant l’église de Labastide Beauvoir se trouvent, non pas un, mais trois beaux filaires à larges feuilles aux dimensions exceptionnelles pour des arbustes : 3,60 m pour le plus gros, avec 6 troncs.

Le filaire, arbuste méditerranéen très résistant au vent et aux températures basses (jusqu’à -15°C) s’est bien adapté dans le Sud-Ouest. Voisin de l’olivier, il s’en rapproche par ses fleurs, son port et l’irrégularité de ses troncs sur des sujets âgés. Une écorce torturée, en creux et bosses, procure de nombreux micro-habitats aux animaux du village et alentours. Selon la saison, vous pourrez admirer ses fleurs odorantes et mellifères. Ses fruits, des drupes vertes puis bleu noirâtres à l’automne ressemblent à des olives mais ne sont pas comestibles.

Les filaires de Labastide-Beauvoir ont reçu le label Arbre Remarquable de France en juin 2017.

Le hêtre multicentenaire

St Jammes (Sorèze – 81) : Près des ruines de la chapelle de Saint-Jammes de Bezaucelle du XIème siècle
Le hêtre multicentenaire (Fagus sylvatica, famille des Fagacées), surnommé « Le colosse de la Montagne Noire »
Âge estimé : environ 450 ans
Hauteur : 20 m
Circonférence : 5,80 m
Envergure de frondaison : 25 m
Circonférence de frondaison : 90 m

Le diamètre de ses plus grosses branches peut atteindre 25 centimètres. Le tronc est formé de plusieurs jeunes pousses ayant donné naissance à 5 énormes branches charpentières portant chacune 5 à 6 branches secondaires qui fournissent un abondant feuillage. Habituellement, l’enracinement est réduit chez les hêtres, mais des conditions exceptionnelles peuvent modifier cette règle ; c’est le cas pour le hêtre de Saint-Jammes, qui a poussé sur un sol très assaini et qui plus est, s’est développé sur des corps humains puisqu’il a poussé sur un très ancien cimetière. Les racines se sont ainsi profondément et librement dispersées sans aucune entrave.

Le hêtre de Saint Jammes veille sur les ruines d’une chapelle préromane connue sous le nom de Saint-Jammes de Bezaucelle sur le domaine des Prats Vieils. Elle aurait été fondée entre le début du XIe siècle et le début du XIIe siècle et appartenait autrefois aux religieux bénédictins de Sorèze. La petite église servait de paroisse rurale, et les moines y célébraient baptêmes, mariages et sépultures en accord avec le curé de Durfort. Des inhumations dans le cimetière qui entoure la chapelle sont mentionnées en 1669, 1684 et 1728 dans les archives de Durfort. La chapelle était un relais sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Le chemin empierré d’Arfons à Sorèze qui abritait un hôpital Saint-Jacques, peu éloigné de la « Via Tolosana », voyait passer nombre de pèlerins. Après leurs dévotions, le hêtre était pour eux une halte salutaire avant qu’ils ne repartent pour leur long et parfois périlleux voyage. Puis vinrent les heures noires de la Révolution, la chapelle fut détruite et abandonnée à la fin du XVIIIème siècle, et le chemin de pèlerinage déserté.

Vers la moitié du XXème siècle, dans les années 50, l’homme prit soudain conscience que la petite chapelle valait bien une restauration patrimoniale. Des membres de la Société de Recherches Spéléo-Archéologiques du Sorézois et du Revélois s’activèrent alors pour arracher à la végétation envahissante les ruines du petit édifice religieux… Il fallut encore attendre un demi-siècle pour que le site soit à nouveau dégagé et à présent protégé. A partir de 2006, avec l’aide de la Mairie de Sorèze, un grand mouvement associatif se créa pour la sauvegarde du hêtre de saint Jammes. Une palissade de protection grillagée fut posée, des traitements insecticides lui furent administrés. Comme tout beau vieillard, il s’appuie maintenant sur une canne pour soutenir son bras le plus fragile et fait l’objet d’un suivi attentionné de la part des agents de l’Office National des Forêts.

En juillet 2016, il a été classé et labellisé « Arbre Remarquable de France » par l’Association A.R.B.R.E.S.

Ce hêtre multicentenaire participe à l’élection de l’arbre de l’année 2019 organisé par le magazine Terre Sauvage et l’Office National des Forêts (O.N.F.). Ce concours récompense des arbres remarquables, témoins de la relation entre l’homme et la nature. Ce projet est porté par Laetitia Souloumiac, qui grâce à ce concours a retrouvé ses racines ; ses ancêtres ont vécu et sont décédés à Saint Jammes, ils ont habité dans la métairie de Grange Haute dans les années 1850.


Bibliographie

  • « À la découverte des arbres exceptionnels de Haute-Garonne » par Janine Cransac – Editions Muséo
  • « La chapelle préromane de Saint-Jammes de Bezaucelle » par Jean-Paul Calvet et Anne Fedry – Edité par la Société d’Histoire de Revel Saint-Ferréol (www.lauragais-patrimoine.fr)

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